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Jacques Wuilmet :
« L’Ardennais est
entrepreneur. »
 
   
En cette période de crise, comment se porte la création d’entreprise ?
Bien. On assiste à une recrudescence de dossiers : plus de 100 à ce jour depuis le début de l’année. C’est souvent le cas lorsque la conjoncture n’est pas bonne et que des entreprises ferment, les salariés qui se retrouvent sans emploi se disent « Tiens, c’est l’occasion : j’ai une idée, je me lance. » Les banques ont relâché du crédit ; en matière de création, les consignes paraissent plus souples.
D’ailleurs, la raison principale du creux important que nous avons constaté l’an dernier nous semble être une position des banques plus rigide. Et comme nous ne pouvons pas financer en solo…
 
Quelle est votre philosophie en matière d’attribution des prêts ?
Croire en l’homme ou en la femme. Bien sûr, nous nous devons d’être attentifs et rigoureux afin de ne pas galvauder l’argent public. D’ailleurs, notre rôle est aussi de freiner les projets qui nous semblent casse-cou. Mais nous croyons en l’esprit d’entreprise, sinon nous ne serions pas là ! Il y a toujours des échecs qui nous surprennent, des projets qui se cassent le nez au bout de 8 mois alors qu’on les voyait gagnants. A l’inverse, on a aussi des petits dossiers qui ne payent pas de mine, ou des porteurs de projet moins brillants en apparence, et qui nous bluffent au final.

Est-ce qu’il existe un profil type du créateur ?
C’est quelqu’un d’audacieux, voire d’un peu ‘’fou’’, il y a quand même une prise de risques. Certains de ceux qui créent n’en sont pas conscients. Le créateur est, en règle générale, amoureux de son projet : ça, c’est un gros défaut ! Bien sûr qu’il faut de l’affectif, de la passion, mais dans une certaine limite sinon cela supplante le raisonnable. On a besoin de gens qui ont la tête sur les épaules, qui étudient et mûrissent leur projet avant, et qui ne se laissent pas happer par leur activité proprement dite après. Certains
ont tellement le nez dans le guidon qu’ils négligent l’aspect administratif, le management… erreur ! Enfin, la réussite est une question de courage également.
Pour réaliser un chiffre d’affaires et tirer un revenu, il faut ne pas compter ses heures, et bien avoir à l’esprit que souvent, la première année, il n’y a pas de revenus. C’est très difficile de maintenir son train de vie au démarrage. Pour passer cette période-là, c’est clair qu’il faut avoir du mental et de la clairvoyance.
 
L’ardennais est-il entrepreneur ?
Nous ne sommes pas dans le peloton de tête. L’Ile-de-France, Rhône-Alpes et la région PACA nous dépassent, évidemment, vu leur nombre d’habitants ! Par contre, ramené au chiffre de population, les Ardennes ne sont pas si mal classées que cela. Donc oui, je dirais que l’Ardennais est entrepreneur. Et c’est plutôt bon signe dans la mesure où en France, créer une entreprise relève du parcours du combattant. Nous avons encore beaucoup de retard là-dessus par rapport aux Anglo-Saxons. Une des grosses différences réside aussi dans la manière dont ils abordent l’échec : chez nous c’est une
tare, chez eux cela doit être positif et profitable.
 
Quelle est la priorité à court terme d’ardennes initiative ?
Renforcer et renouveler notre équipe de bénévoles. Nous avons besoin de personnes dévouées, compétentes et disponiblespour conseiller et accompagner les créateurs dans le développement de leur projet. Aujourd’hui, 4 projets sur 5 de ceux que nous suivons passent le cap des 3 ans, soit un taux de pérennité à 3 ans de 84%. C’est un bon résultat, ce serait dommage qu’il baisse à cause d’un manque en moyens humains.